L'humanité a perdu la bataille des CAPTCHAs
Une IA est capable de résoudre les CAPTCHAs de Google avec un taux de réussite de 100%.
C'est toujours un moment de grande nervosité. Vous venez de cliquer sur un lien, une nouvelle page web s'ouvre et là, patatras. Il va falloir résoudre une énigme pour y accéder. Comme dans un jeu-vidéo, où il faut prouver que l’on progresse dans notre quête pour accéder au niveau suivant. Sauf que le web est tout sauf un jeu, c’est notre nouveau tiers-lieu. C’est sur cet espace que l’on travaille, se divertit et communique.
Alors, il y a de quoi être agacé par ce CAPTCHA qui surgit toujours au mauvais moment. Je ne sais jamais vraiment si je dois cliquer sur l’ensemble des tuiles où le feu de circulation apparaît ou seulement sur celles où il occupe le plus d’espace. Il m’arrive de tomber sur certains puzzles qui sont vraiment difficiles à résoudre et il m’est impossible de valider la mention “Je ne suis pas un robot”. Suis-je un robot ? Je me questionne face à l’embarras.
La majorité de ces énigmes appartiennent à Google, on les retrouve derrière la technologie ReCAPTCHA, et nous entraînons leurs modèles d’apprentissage depuis des lustres. Tout cela nous mène jusqu’à aujourd’hui, avec l’avènement des intelligences artificielles. Ça ne sort pas de nulle part, c’est la conjonction de deux évènements : la disponibilité des capacités de calcul super puissantes et des volumes de données entrainées encore jamais atteints.
Il est admis que résoudre un CAPTCHA est une forme de travail, pourtant, je crois bien qu’un tout petit nombre d’internautes en soient conscients. On ne teste pas votre humanité, vous entrainez la machine à imiter l’humain. Jusqu’au jour où elle finit par le faire mieux que vous. Pour la petite histoire, CAPTCHA est un acronyme : « Completely Automated Public Turing test to tell Computers and Humans Apart ». L'expression fait référence au test d'Alan Turing, qui consiste à déterminer si une intelligence artificielle est capable de se faire passer pour humaine.
Alors tiens-toi bien Alan, c’est maintenant possible. En effet, une nouvelle étude (YOLO — c’est vraiment le nom de l’étude) de l’École polytechnique de Zurich vient de démontrer que l’IA est désormais capable de résoudre ces casse-têtes avec un taux de réussite de 100% ! C’est bien mieux que moi, ça c’est sûr.
Dans le même temps, certains puzzles deviennent si complexes, justement pour tromper les machines, qu’ils finissent par devenir impossibles à résoudre pour un humain.
De quoi remettre sérieusement en question ce test d’humanité qui faisait consensus sur le web depuis ses débuts. Le premier concerné, Google, n’a pas tardé à réagir et assure avoir anticipé cette nouvelle avec la V3 de ReCPATCHA qui consisterait à analyser le comportement de l’utilisateur, plutôt que de lui faire passer un test. Ce n’est pas très clair. On doit comprendre que chaque mouvement de votre souris ou votre manière de pianoter sur le clavier, doit être similaire à celles des autres humains.
Encore un truc que la machine parviendra à imiter rapidement… À ce rythme, on va finir par passer ce test d’humanité face à un robot-douanier de Google qui nous délivrera, ou non, un permis d’internaute pour pouvoir continuer nos pérégrinations sur le web.